Les semences de colza d’hiver résistantes aux maladies : comment faire votre choix ?

La sélection des semences de colza d'hiver résistantes aux maladies est un véritable enjeu pour les agriculteurs soucieux d'optimiser leurs rendements et de réduire l'utilisation de produits phytosanitaires. Face aux défis posés par les pathogènes comme le phoma, le sclérotinia ou la verticilliose, le choix variétal est déterminant. Les avancées en génétique et en techniques de sélection proposent aujourd'hui une gamme étendue de variétés alliant productivité et résistance. Comprendre les critères de sélection et les mécanismes de résistance permet aux producteurs de graine de colza de faire les bons choix pour une culture plus résiliente et durable.

Critères de sélection des semences de colza d'hiver résistantes

Le choix d'une variété de colza résistante aux maladies repose sur plusieurs critères et permet d'accroître l'efficacité de l'agriculture. La productivité reste bien sûr indispensable, mais elle doit s'accompagner d'une bonne tenue face aux principaux pathogènes. La régularité du rendement, notamment dans des conditions climatiques variables, est également déterminante. Les sélectionneurs travaillent sur la vigueur au départ et la capacité d'implantation rapide, qui permettent une meilleure résistance aux attaques précoces.

La tolérance au froid est un autre critère à considérer pour le colza d'hiver, tout comme la résistance à l'égrenage qui limite les pertes à la récolte. Les variétés à cycle court peuvent présenter un avantage dans certaines régions en permettant une récolte plus précoce. La teneur en huile et le profil d'acides gras sont également pris en compte, notamment pour certains débouchés industriels.

Enfin, la résistance aux herbicides peut être recherchée dans certains contextes de désherbage difficile. Cependant, il convient de rester vigilant sur l'utilisation de ces variétés pour éviter l'apparition de résistances chez les adventices.

Principales maladies du colza et variétés résistantes

Le colza est confronté à plusieurs maladies majeures qui peuvent grandement affecter les rendements. Les sélectionneurs ont développé des variétés résistantes ou tolérantes à ces principaux pathogènes, offrant ainsi des solutions génétiques aux agriculteurs.

Phoma et variétés RLM7

Le phoma, causé par le champignon Leptosphaeria maculans, est considéré comme la maladie la plus dommageable pour le colza. Les variétés portant le gène de résistance RLM7 offrent une protection efficace contre cette maladie, ce qui limite le développement des nécroses au collet, responsables des plus grandes pertes de rendement. L'utilisation de variétés RLM7 permet ainsi de réduire le recours aux fongicides, contribuant à améliorer l'efficacité de l'agriculture tout en diminuant son impact environnemental. Cependant, il est recommandé d'alterner les types de résistance pour limiter le risque de contournement par le pathogène.

Sclérotinia et lignées tolérantes

Le sclérotinia, causé par Sclerotinia sclerotiorum, peut entraîner des pertes de rendement, notamment lors de printemps humides. Les sélectionneurs ont développé des lignées présentant une meilleure tolérance à cette maladie. Ces variétés ne sont pas totalement résistantes mais permettent de limiter la progression du champignon dans la plante. L'utilisation de ces variétés tolérantes doit s'accompagner d'une surveillance attentive des conditions climatiques et d'une gestion raisonnée de la densité de semis pour limiter le risque de développement de la maladie.

Verticilliose et sélections génétiques

La verticilliose, notamment due à Verticillium longisporum, est une maladie émergente qui prend de l'importance dans certaines régions. Les sélectionneurs travaillent sur l'identification de sources de résistance génétique à cette maladie. Certaines variétés présentent déjà un meilleur comportement face à ce pathogène. La lutte contre la verticilliose passe également par des mesures agronomiques comme l'allongement des rotations et la gestion des résidus de culture. L'utilisation de variétés moins sensibles constitue un levier supplémentaire dans une approche de lutte intégrée.

Cylindrosporiose et résistance quantitative

La cylindrosporiose, causée par Pyrenopeziza brassicae, peut affecter le colza dès l'automne. Les sélectionneurs ont identifié des sources de résistance quantitative à cette maladie. Les variétés issues de ces travaux présentent une meilleure tolérance, se traduisant par un développement plus lent des symptômes. L'utilisation de ces variétés permet de réduire la pression de la maladie et de limiter le recours aux fongicides. Cependant, en cas de forte pression, une protection fongicide peut rester nécessaire pour préserver le potentiel de rendement.

Techniques d'évaluation de la résistance aux maladies

L'évaluation de la résistance aux maladies des variétés de colza fait appel à diverses techniques complémentaires. Ces méthodes permettent d'obtenir une vision précise du comportement des variétés face aux principaux pathogènes, assurant ainsi une sélection efficace et une information fiable pour les agriculteurs.

Tests en laboratoire GEVES

Le Groupe d'Étude et de contrôle des Variétés Et des Semences (GEVES) réalise des tests en conditions contrôlées pour évaluer la résistance des variétés aux maladies. Ces tests consistent à inoculer artificiellement les plantes avec les pathogènes et à observer leur réaction. Pour le phoma par exemple, on mesure la taille des nécroses au collet après inoculation. Ces tests permettent de caractériser précisément les mécanismes de résistance et d'identifier les gènes impliqués. Ils sont utiles à la sélection de nouvelles variétés résistantes et pour la compréhension des interactions plante-pathogène.

Essais multi-locaux terres inovia

L'institut technique Terres Inovia conduit chaque année un réseau d'essais variétaux dans différentes régions de France. Ces essais en conditions réelles permettent d'évaluer le comportement des variétés face aux maladies dans divers environnements. Les notations réalisées tout au long du cycle cultural fournissent des informations précieuses sur la résistance des variétés en situation de production. Ces essais multi-locaux sont nécessaires pour valider les résistances observées en laboratoire et pour évaluer leur stabilité dans différentes conditions pédoclimatiques. Ils permettent également de mettre en évidence d'éventuelles interactions entre la résistance aux maladies et d'autres caractères agronomiques.

Notation sanitaire CTPS

Le Comité Technique Permanent de la Sélection (CTPS) réalise des notations sanitaires dans le cadre des épreuves d'inscription des nouvelles variétés au catalogue officiel. Ces notations portent sur les principales maladies du colza et sont réalisées dans différents lieux d'essais. Les résultats de ces notations sont pris en compte dans l'évaluation globale des variétés candidates à l'inscription. Ils contribuent à garantir que les nouvelles variétés mises sur le marché présentent un niveau de résistance aux maladies au moins équivalent à celui des variétés déjà commercialisées.

Réglementation et certification des semences résistantes

La commercialisation des semences de colza résistantes aux maladies est encadrée par une réglementation stricte visant à garantir la qualité et l'authenticité des variétés. Le processus d'inscription au catalogue officiel des espèces et variétés comprend une évaluation approfondie des caractéristiques agronomiques et technologiques, incluant la résistance aux maladies.

Pour qu'une variété soit reconnue comme résistante à une maladie, elle doit démontrer un niveau de résistance grandement supérieur à celui des variétés témoins. Les critères de résistance sont définis par le CTPS et peuvent évoluer en fonction des avancées scientifiques et des enjeux agronomiques. La certification des semences, réalisée sous le contrôle du Service Officiel de Contrôle et de Certification (SOC), garantit la pureté variétale et la qualité sanitaire des lots commercialisés. Pour les variétés résistantes aux maladies, certains contrôles peuvent être mis en place pour vérifier la présence effective des gènes de résistance.

Enfin, l'utilisation de variétés résistantes s'inscrit dans le cadre plus large de la lutte intégrée contre les bioagresseurs. La réglementation encourage une approche globale combinant génétique, agronomie et protection raisonnée des cultures.

Stratégies agronomiques complémentaires

L'utilisation de variétés résistantes aux maladies s'inscrit dans une approche globale de gestion de la santé des cultures. Des stratégies agronomiques complémentaires permettent d'optimiser l'efficacité de ces résistances et de limiter les risques de contournement par les pathogènes.

Rotation culturale et gestion des résidus

La rotation des cultures est un levier majeur pour limiter la pression des maladies sur le colza. Un allongement des rotations, avec un retour du colza tous les 3 à 4 ans sur une même parcelle, permet de réduire l'inoculum des pathogènes telluriques comme le phoma ou la hernie des crucifères. La gestion des résidus de culture joue également un rôle central. L'enfouissement ou l'exportation des résidus de colza limite la survie des pathogènes et réduit les risques de contamination pour la culture suivante. Ces pratiques sont particulièrement efficaces contre le phoma et le sclérotinia.

Date et densité de semis adaptées

Le choix de la date de semis et de la densité de peuplement peut influencer la sensibilité du colza aux maladies. Un semis précoce favorise un bon développement automnal et une meilleure résistance aux attaques de phoma. Cependant, il convient de rester vigilant car un développement trop important avant l'hiver peut augmenter les risques d'élongation et de sensibilité au gel. Une densité de semis adaptée, évitant les peuplements trop denses, limite les risques de développement du champignon en créant un microclimat moins favorable.

Fertilisation raisonnée et biocontrôle

Une fertilisation azotée raisonnée contribue à maintenir un bon état sanitaire de la culture. Un excès d'azote peut favoriser le développement de certaines maladies en rendant les tissus plus sensibles. À l'inverse, une carence peut affaiblir les plantes et les rendre plus vulnérables aux attaques de pathogènes. L'utilisation de produits de biocontrôle, comme les champignons antagonistes Coniothyrium minitans contre le sclérotinia, s'intègre parfaitement dans une stratégie de protection incluant des variétés résistantes. Ces solutions permettent de réduire la pression des maladies tout en préservant l'environnement.

Analyse coût-bénéfice des variétés résistantes

L'adoption de variétés de colza d'hiver résistantes aux maladies représente un investissement stratégique pour les agriculteurs. Le coût initial plus élevé de ces semences est généralement compensé par une grande réduction des dépenses en produits phytosanitaires et une augmentation du rendement.

La résistance au phoma, principale maladie du colza, est particulièrement recherchée. Les variétés notées 8-9 sur l'échelle de résistance proposent une protection durable. L'analyse économique doit prendre en compte les conditions pédoclimatiques locales et la pression parasitaire. Dans les régions à fort risque de maladies, le retour sur investissement des variétés résistantes est plus rapide. Enfin, une rotation culturale adaptée renforce l'efficacité de ces variétés et limite l'apparition de résistances.

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